Cette semaine, je veux retourner à la base et vous expliquer comment on apprend à orthographier. Pour cela, je dois vous expliquer les trois sortes d’orthographe en français.
L’orthographe phonétique est la première à se développer. L’enfant apprend une correspondance entre les sons et les syllabes de sa langue et écrit les mots selon ce qu’il entend. Par exemple, il écrira /corbo/ pour « corbeau ».
La seconde orthographe à se développer est l’orthographe lexicale. L’enfant apprend les irrégularités telles que le chiffre « sept » qui prend un /p/ que l’on ne prononce pas. Je classe cette orthographe en deuxième pour être plus claire, mais elle commence à se développer en même temps que l’orthographe phonétique. C’est pourquoi, dès le début de la première année, on apprend autant les correspondances sons/lettres que les mots par coeur.
L’orthographe grammaticale vient en troisième et implique toutes les notions de grammaire (masculin/féminin; singulier/pluriel; temps de verbes, homophones…). Par exemple, les mots qui se termine avec le son /ail/ s’écriront « ail » s’ils sont des noms masculins (ex: un travail) et en « aille » s’ils sont des noms féminins (ex: une médaille). À cette étape, il faut comprendre que certaines règles sont enseignées (ex: pluriel), mais que d’autres sont implicites i.e. que notre cerveau les applique sans les avoir appris (l’exemple du ail/aille précédemment).
Une fois que l’on comprend que les mots s’écrivent à l’aide de ces trois sortes d’orthographe, il faut aussi savoir que l’application de ces règles dépend de la longueur, fréquence et complexité des mots. Ainsi, les mots fréquents tels que « dans, sur, chat, avec, maman » ont plus de chances d’être bien orthographiés. Si ce n’est pas le cas, il faut alors les travailler systématiquement afin que la mémoire s’occupant de l’orthographe, communément appelée lexique orthographique, puisse l’encoder à long terme.
Pour un enfant, apprendre à orthographier est complexe et en classe, toutes les orthographes sont travaillées en même temps que la structure du texte et les idées. Il ne faut donc pas s’étonner qu’un enfant ayant un trouble du langage ou des difficultés phonologiques (sons) et/ou de la phrase ait des difficultés à tout gérer à la fois. Il faudra donc revoir nos intentions pédagogiques et faire preuve de flexibilité dans les demandes scolaires afin que ces enfants avec difficultés ne soient pas constamment dans l’échec et encore mieux: APPRENNENT RÉELLEMENT À ORTHOGRAPHIER.