Avez-vous déjà pris le temps d’observer les mouvements de votre bouche lors que vous parlez? Avez-vous déjà constaté que la langue, les lèvres, les joues et la mâchoire bougent rapidement lors de la production d’un mot?
Faisons un essai ensemble…Dites lentement le mot macaroni.
Que remarquez-vous?
Personnellement, je comprends que je dois :
1- coller mes lèvres pour produire le son M
2- reculer ma langue pour produire le son C
3- faire vibrer mes cordes vocales pour produire le son R
4- élever ma langue à mon palais pour produire le son N.
Maintenant, dites rapidement le mot macaroni. Que remarquez-vous?
De mon côté, je constate que la vitesse pour coordonner, planifier et programmer ces mouvements est très impressionnante. Toutefois, la prononciation du mot n’est pas affectée.
L’exercice que nous venons de faire m’amène aujourd’hui à vous parler de la dyspraxie verbale. Il s’agit d’un trouble qui affecte la production des sons et qui se retrouve dans la catégorie des troubles des sons de la parole.
Comme nous venons d’en faire l’expérience, nous avons besoin de coordonner et combiner de nombreux mouvements de notre bouche pour nous exprimer. La dyspraxie verbale est un déficit au niveau de la programmation et de la planification des mouvements nécessaires pour parler. Malgré une force adéquate, les muscles ne bougent pas comme prévu.
Résultat? Il est difficile pour l’individu de communiquer verbalement ses intentions. Il sait ce qu’il veut dire, mais il éprouve de la difficulté à bien planifier les mouvements pour le faire. On parle alors d’une parole qui est inintelligible, difficile à comprendre.
La dyspraxie verbale peut être présente dès la naissance. Dans cette situation, nous parlons d’une problématique développementale. Elle peut également être acquise, par exemple, suite à un accident touchant le cerveau. Le terme « apraxie » est alors privilégié.
La suite de cet article portera sur la problématique développementale.
→ D’un côté, la dyspraxie verbale a une composante héréditaire. C’est-à-dire qu’elle peut être transmise par les parents. En effet, il n’est pas rare de retrouver cette problématique chez les autres membres de la famille.
→ D’un autre côté, la dyspraxie verbale peut être sans origine connue. Dans ce cas, la cause est alors idiopathique.
Comme le trouble développemental du langage, la dyspraxie verbale n’est pas associée à un manque de stimulation langagière par les parents.
Lorsque les parents tentent d’expliquer leurs observations, voici des exemples de ce que nous pouvons entendre…
« Certains mots sont difficiles à dire, mais il arrive parfois à se corriger… »
« Il parle comme s’il avait une patate dans la bouche… »
« Il marmonne… »
Voici concrètement certains éléments pouvant caractériser la parole des enfants ayant une dyspraxie verbale.
● Variabilité de production d’un même mot
Un même mot peut être produit de différentes façons
Lapin → « papin, apin, tapin »
● Imprécision au niveau des voyelles
Les voyelles peuvent être transformées
Panda → « pada »
● Présence de tâtonnement
L’enfant cherche par plusieurs tentatives de trouver le bon placement articulatoire. Il fait bouger sa bouche pour tenter de bien la placer.
● Transformation touchant la structure des mots
Complexification : va produire une forme plus compliquée du mot
Épicerie → « épricerie »
Simplification : va produire une forme plus simple du mot, souvent en supprimant une syllabe
Chapeau → « __peau »
Séquentiation : va interchanger des sons ou syllabes dans le mot
Natation → « tanation »
● Augmentation des erreurs en fonction de la complexité
Plus le contexte langagier est complexe, plus les difficultés peuvent se manifester.
Contextes langagiers simples → Contextes langagiers complexes
Mot comprenant 1 syllabe (ex. : chat) → Mot comprenant 5 syllabes (ex. : électricité)
Mot (ex. : chat) → Phrase (ex. : Le chat boit du lait.)→ Discours (ex. : raconter une histoire sur le chat)
D’autres manifestions ne touchant pas la parole peuvent être observées, telle qu’une difficulté avec le contrôle de la salive, une difficulté à avaler, une difficulté à se moucher et une difficulté à exécuter des mouvements de la bouche suite à une consigne donnée (ex. : souffler, gonfler les joues…).
Maintenant que vous en connaissez plus sur les causes et les manifestations de la dyspraxie verbale, j’imagine que vous cherchez à en connaître davantage sur l’aide qui peut être apportée à ses enfants.
Tout d’abord, l’orthophoniste est l’un des professionnels qui travaillent auprès des enfants ayant une dyspraxie verbale. Comme plusieurs problématiques, il existe de nombreuses façons pour venir en aide à ces enfants. Certains vont prioriser une approche orthophonique plus traditionnelle alors que d’autres vont choisir une méthode alternative telle que la Méthode Padovan. À l’intérieur de séances utilisant une méthode traditionnelle, l’orthophoniste aidera l’enfant à prononcer des sons et/ou des mots plus difficiles pour lui. Il choisira ses objectifs selon le type de difficultés observées, le niveau de développement de l’enfant et les impacts des difficultés de prononciation dans la vie de l’enfant. Dans tous les cas, une approche motrice est très souvent privilégiée. L’enfant doit apprendre la séquence de mouvements pour faire certains sons. Pour y arriver, nous allons expliquer le placement de la bouche et répéter souvent et intensivement les mots choisis.
Étant donné que la dyspraxie verbale peut se manifester avec un trouble développemental de langage, d’autres objectifs pourraient aussi s’ajouter.
Peu importe le type d’intervention choisie, il est important que les exercices faits en orthophonie soient répétés plusieurs fois dans la semaine. L’orthophoniste pourra vous conseiller à ce sujet et vous donner des idées originales et amusantes pour les intégrer à votre quotidien.
Vous avez des questions concernant la dyspraxie verbale ou une autre problématique? N’hésitez pas à téléphoner nos orthophonistes en composant le 1-877-877-6441, poste 555.