L’apprentissage de l’orthographe peut être un jeu pour certain et un cauchemar pour d’autres. En ce moment au Québec, il n’y a pas plus abstrait pour les professionnels de l’ enseignement que de savoir comment aider les élèves en difficultés d’écriture et d’orthographe. S’il est vrai que pour la plupart des enfants, il est efficace d’écrire plusieurs fois un mot ou de se l’épeler, ces stratégies ne sont pas suffisantes pour un enfant ayant un trouble de l’orthographe. Afin d’apprendre le plus aisément possible l’orthographe des mots, un enfant ayant un trouble de l’orthographe doit aussi avoir des cibles à son niveau. En effet, il ne viendrait pas à l’idée d’un enseignant de première année (CP) de faire faire des fractions à ses élèves tout comme il ne leur donnerait pas un texte de quatre pages à lire. Alors, pourquoi donner n’importe quel type de mots à apprendre à orthographier? Comment faire pour obtenir des balises en matière d’orthographe? En fait, le travail est énorme car il faut changer les mentalités et aider les professionnels de l’enseignement à comprendre la linguistique du français.
Une première étape en la matière serait de ne pas se limiter aux mots qui sont dans les livres de lecture car ces mots n’ont aucun lien orthographique entre eux et sont souvent trop difficiles et/ou peu employés. Ce n’est pas parce qu’un enfant peut lire un mot qu’il peut automatiquement apprendre à l’orthographier. Il faut donc que les enseignants soient au courant et ouvert à enseigner différemment l’orthographe.
Il faudrait aussi arrêter de donner des mots à orthographier selon des thèmes tel que pâques, Noël ou le temps des pommes. Un enfant utilisera peu ou pas dans ses compositions les mots «rameau, pédoncule ou guirlande».
Une autre piste de réflexion sur le sujet serait de se demander s’il est plus logique de donner 30 nouveaux mots à chaque semaine et qu’en bout de ligne l’enfant n’en retienne que deux ou bien s’il est plus pertinent de donner 10 mots fréquents à apprendre en un mois tel que «pourquoi, alors, sur…», ce qui lui permettra de les apprendre sur une longue période et de les retenir à long terme.
Donc, selon moi, il est possible que les enfants apprennent à orthographier correctement les mots du français. Il suffit simplement de changer notre approche et d’utiliser les bons outils pour le faire. En parlant de bons outils, la semaine prochaine, je mettrai en ligne un article portant sur ÉOLE (échelle d’acquisition de l’orthographe lexicale) qui est un livre basé sur une étude française qui a porté sur l’apprentissage normal de l’orthographe chez près de 48 000 enfants de la première (CP) à la cinquième année (CM1). La fonction de ce livre n’est pas de mettre des balises en matières d’orthographe, mais quand on apprend que chez les enfants sans difficulté le mot «carotte» est un mot acquis vers la quatrième année, on peut se demander pourquoi nos enfants le voient en première année. Je ne vous en dis pas plus et à la semaine prochaine.