Bien que son silence en classe puisse vous paraitre comme des signes d’opposition et d’entêtement, le refus de parler de l’enfant souffrant de mutisme sélectif est tout simplement un moyen de diminuer son niveau d’anxiété et d’inconfort. Voici des conseils qui vous aideront à diminuer l’anxiété de l’enfant liée au fait de parler, à lui permettre de vivre des réussites de communication, à développer son sentiment d’appartenance au groupe et à établir un lien significatif entre l’enfant et vous.
- Adoptez une attitude chaleureuse et accueillante. N’hésitez pas aussi à utiliser l’humour…rien de mieux pour détendre l’atmosphère et faire apparaitre des sourires!
- Soyez patient. Sachez que chez certains enfants, le mutisme peut perdurer au-delà de 2 ans.
- Évitez de parler de sa problématique devant lui, tant aux pairs qu’aux autres enseignants ou intervenants.
- Sensibilisez les pairs au fait que l’enfant a peur de parler à l’école, mais qu’il en est capable et que son silence ne sera pas permanent. Les camarades risquent rapidement de poser des questions ou d’émettre des commentaires tels que « Lui, il ne parle pas ! » ou « Pourquoi il ne parle pas? ». Il est important de leur mentionner que l’enfant en est capable, qu’il parle à la maison et que cette situation ne sera pas éternelle. Il est généralement préférable de faire cette intervention à un moment où l’enfant mutique n’est pas présent.
- Encouragez une communication non verbale en attendant l’apparition de la parole (ex. : hocher la tête pour dire « oui » et « non », saluer de la main, échanger des sourires et des clins d’œil, taper dans votre main).
- Ne le forcez jamais à parler. Respectez son silence et ne tentez pas de marchander sa parole. Ne lui offrez pas de privilèges ou de conséquences pour le forcer à parler (ex. : Si tu parles, tu pourras aller à la récréation, sinon tu resteras dans la classe. Si tu parles, je vais te donner un cadeau.).
- Posez-lui des questions fermées, c’est-à-dire des questions qui peuvent se répondre simplement par « oui » ou « non ». Après lui avoir posé une question, laissez-lui au moins 5 secondes pour vous communiquer une réponse au lieu de répondre tout de suite à sa place. D’autre part, ne laissez pas le perdurer silence en attendant de manière oppressante une réponse verbale ou non verbale de sa part.
- Donnez-lui des responsabilités où la prise de parole n’est pas sollicitée (ex. : aller remettre les cartes d’absence à la secrétaire, écrire la date au tableau, distribuer des feuilles aux camarades, laver le tableau, monter les chaises sur les bureaux, aider un camarade à faire son sac à dos).
- Intégrez l’enfant dans les activités de la classe en le faisant participer de manière non-verbale. Vous pouvez lui demander de pointer ou écrire une réponse au tableau, faire part de ses idées par écrit, parler via un intermédiaire (ex : répondre à une question en murmurant la réponse à l’oreille d’un ami, etc.), le questionner en lui posant des questions fermées auxquelles il pourra faire un signe de la tête (oui ou non), lui offrir un choix de réponses de manière visuelle (ex : Est-ce que le mot rouge commence par le son « r » (présentez votre main droite) ou par le son « z » (présentez votre main gauche). L’enfant pourra répondre en frappant dans la bonne main. ).
- Privilégiez des activités en petits groupes.
- Assoyez l’enfant mutique à côté de bons amis ou d’enfants qu’il apprécie.
- Soyez stratégique dans le choix de son emplacement dans la classe. Je vous conseille d’aller lire la chronique intitulée « Où placer l’enfant souffrant de mutisme sélectif en classe? » (http://www.blogorthophonie.com/chronique-2152).
- Communiquez rapidement avec ses parents. Il est indispensable de les informer de la problématique et d’obtenir leur collaboration. Ils seront vos premiers alliés dans le processus d’introduction de la parole. Vous pourrez les encourager à venir à l’école avant ou après les cours ou lors de journées pédagogiques afin de réaliser des activités ludiques avec leur enfant. Au départ, les activités pourront se dérouler dans la cour extérieure, puis progressivement à l’intérieur des murs de l’école ou de la garderie.
- N’hésitez pas à aller chercher le soutien d’un professionnel de votre école ou de votre établissement (ex : orthophoniste, psychologue, psychoéducateur).
ATTENTION!!! Lorsque l’enfant parlera pour la première fois, il faudra agir avec prudence et surtout préparer ses camarades de classe. En effet, l’enfant mutique craint généralement que les autres enfants réagissent avec un trop grand enthousiasme lorsqu’il se mettra à parler. Bien qu’il aime les félicitations, des excès de bravos, d’encouragements, de commentaires positifs et d’applaudissements auront plus l’effet d’inhiber l’enfant que de l’encourager à parler à nouveau. Trop d’attention focalisée sur lui pourrait le rendre mal à l’aise.
Source : McHOLM, Angelina E., CUNNINGHAMM, Charles E. et VANIER, Melanie K. Aider son enfant à surmonter le mutisme sélectif : Guide pratique pour surmonter la peur de parler, Lyon, Éditions de la Chronique Sociale, 2011, 191 pages.