Pour l’enfant mutique, un simple changement de place dans sa classe peut entraîner des résultats. Il s’agit d’une stratégie facile à mettre en place par l’enseignant qui vise à augmenter le niveau de confort de l’enfant, réduisant par le fait même son anxiété liée au fait de parler en classe. Elle permet également de multiplier et de faciliter les occasions d’interactions avec les pairs pour enfin amener à une prise de parole. Trouver un emplacement idéal pour un élève mutique n’est pas si complexe, il suffit de bien évaluer certains critères avant de faire un choix. Voici quelques pistes à tenir en compte pour vous aider:
– Le choix de son voisin de bureau
Il sera primordial de placer l’enfant mutique à côté des élèves qu’il apprécie. Si vous avez de la difficulté à déterminer les élèves qu’il préfère, ses parents seront sûrement de précieux conseillers. Demandez-leur le nom des élèves dont leur enfant parle avec intérêt à la maison, ceux qu’il identifie comme étant ses amis ou ceux avec lesquels il parle déjà à l’école ou dans d’autres circonstances. Dressez une liste des meilleurs candidats! Gardez en tête que l’enfant mutique sera plus porter à interagir avec son voisin si ce dernier l’intéresse.
La localisation de la place en classe
De manière générale, l’enfant mutique aura plus tendance à commencer à parler s’il se retrouve dans un endroit plus privé. Par conséquent, on privilégiera un bureau situé à l’arrière de la classe et loin de la porte de sortie de la classe. L’arrière de la classe lui permettra d’être plus détendu puisqu’il risque moins d’être vu ou entendu par les autres élèves de sa classe. Comme la porte de la salle de classe ne demeure pas close toute la journée, un bureau situé près de la porte de sortie de la classe, où il y a beaucoup de circulation et une plus grande probabilité d’être observé, risque de diminuer le sentiment de confort de l’enfant mutique. En effet, le corridor est particulièrement achalandé lors des récréations, de l’heure du dîner ou de la fin des cours. Gardez en tête que l’enfant mutique désire éviter le plus possible d’être le centre d’attention!
Ensuite, un autre facteur est important dans le choix de l’emplacement dans classe : la position de l’enseignant, c’est-à-dire non seulement l’endroit où se trouve son bureau, mais également où celui-ci a tendance à enseigner (ex. : près du tableau). De manière générale, l’enseignant représente un plus grand facteur de stress que les pairs. Ainsi, placer l’enfant loin du bureau de l’enseignant et de l’endroit où il enseigne serait recommandé. Si l’effet contraire est toutefois observé et que l’enfant se sent plus à l’aise en présence d’adultes, placer le bureau de l’enfant près de l’enseignant pourrait s’avérer un meilleur choix. De la même manière, qu’il serait peut-être opportun de rapprocher l’enfant de l’enseignant et du tableau s’il présente d’importantes difficultés d’apprentissage.
L’orientation des bureaux
Comme le mutisme sélectif est la peur d’être non seulement entendu, mais également vu à parler, l’enfant aura plus tendance à s’adresser à une personne si cette dernière est placée à ses côtés plutôt que directement face à lui. Si les bureaux sont groupés, on privilégiera en premier lieu de placer à côté de lui le pair qu’il apprécie le plus. Pour augmenter le niveau d’intimité, il serait même bénéfique que l’enfant mutique soit placé non seulement à l’arrière de la classe, mais aussi dos à l’enseignant. Dès que l’enfant sera assez à l’aise pour parler à son camarade voisin, la seconde étape serait de déplacer ce dernier au bureau lui faisant face et d’assigner un nouveau camarade à ses côtés.
En conclusion, soyez conscient que les premières interactions avec les pairs seront sûrement non verbales (ex : sourires, échanges de regards plus fréquents, pointer, hochements de tête), mais elles évolueront progressivement vers une communication de plus en plus verbale. Parfois un simple clin d’œil peut sembler anodin, mais représente une indication importante de progrès. N’hésitez pas à apporter des modifications à l’emplacement de l’élève si une régression de son niveau de communication est observée ou au contraire, si l’élève développe de l’aisance. Vous pourriez alors lui assigner de nouveaux voisins de bureau et le déplacer progressivement vers l’avant de la classe!
Source : McHOLM, Angelina E., CUNNINGHAMM, Charles E. et VANIER, Melanie K. Aider son enfant à surmonter le mutisme sélectif : Guide pratique pour surmonter la peur de parler, Lyon, Éditions de la Chronique Sociale, 2011, 191 pages.