Marilyn Monroe et un chanteur québécois, Luc de Larochellière, figurent tous deux au nombre des personnes célèbres qui bégaient. Or, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ces artistes ne bégaient pas lorsqu’ils chantent ?
Selon Barry Guitar, orthophoniste et professeur à l’Université du Vermont, on ne connait pas encore exactement les mécanismes qui font en sorte que le bégaiement est réduit durant le chant. Toutefois, Guitar propose quelques pistes d’explications intéressantes.
D’abord, lors du chant, notre cerveau utiliserait d’autres connexions, c’est-à-dire d’autres « chemins », que lors de la parole. Or, le chant permettrait d’utiliser des « chemins » qui ne sont pas ceux où surviennent habituellement les problèmes de fluidité. Deuxièmement, lorsqu’on chante, on utilise nos cordes vocales, nos lèvres et notre langue d’une manière différente que lorsque l’on parle. Guitar fait donc l’hypothèse que cette utilisation différente des organes compterait parmi les facteurs qui réduiraient le bégaiement. Troisièmement, lorsque l’on chante, on ne ressent pas de pression liée au temps qui passe. On sait en effet que le fait de se sentir pressé par le temps lorsque l’on parle est susceptible d’augmenter le bégaiement. Finalement, explique Guitar, lorsque l’on chante, on connait généralement les paroles de la chanson par cœur. On n’a donc pas à chercher les mots dans notre tête. Il faut rappeler que le fait de chercher les mots dans sa tête peut causer des hésitations.
Par ailleurs, certains chercheurs, dont Büchel et Sommer (2004), pensent aussi que le fait d’entendre un rythme, comme lorsque l’on chante avec une chorale par exemple, aide à améliorer la fluidité. Ces chercheurs soulignent également que le fait de ne pas centrer son attention sur la parole pourrait contribuer à réduire le bégaiement durant le chant.
En résumé, la question à savoir pourquoi les personnes ne bégaient-elles pas quand elles chantent demeure sans réponse satisfaisante d’un point de vue scientifique à ce jour. Comme bien d’autres questions qui demeurent en suspens concernant le bégaiement, cette question mériterait d’être étudiée davantage.
Myriam Bacon et Karine Bureau,
étudiantes à la maîtrise en orthophonie,
Université du Québec à Trois-Rivières
Marie-Ève Caty, M.P.O., Ph.D.,
Professeure et orthophoniste,
Département d’orthophonie,
Université du Québec à Trois-Rivières
Références :
Büchel, C., & Sommer, M. (2004). What causes stuttering?. PLoS Biol, 2(2), e46. doi : 10.1371/journal.pbio.0020046
Couture, F. (2006). Luc de la Rochellière : quand on aime, on a toujours…,Repéré à : https://voir.ca/musique/2006/11/09/luc-de-larochelliere-quand-on-aime-on-a-toujours/
Guitar, B. (2013). Singing and Stuttering : What We Know [Entrevue]. Repéré à : http://www.stutteringhelp.org/content/singing-and-stuttering-what-we-know-0
The Stuttering Foundation. (s.d.). Famous People Who Stutter. Repéré à : http://www.stutteringhelp.org/famouspeople