Comme je l’ai expliqué dans mon article sur le préscolaire, la dysphasie ou le trouble primaire de langage est un trouble qui touche la communication. Je vous mentionnais qu’en bas âge, l’enfant a souvent de la difficulté à comprendre et se faire comprendre, mais qu’en vieillissant, la difficulté réside plus au niveau de la compréhension verbale donc des concepts et consignes, de l’abstraction, des expressions ainsi qu’au niveau du discours qui est désorganisé et difficile à suivre.Ce qu’il faut comprendre est le fait qu’en bas âge, on utilise beaucoup de visuel, des dessins et des images. Par contre, après l’âge de 6 ans, leur monde devient de plus en plus verbal et le cursus scolaire, comme nos relations sociales sont basés sur une excellente maîtrise de la langue. Ainsi, ils ont de la difficultés à comprendre ce qu’ils lisent, à suivre les consignes, à débuter des tâches, à réaliser des travaux, à faire des liens. À tort, on croit qu’ils ne sont pas capables d’apprendre ou bien qu’ils sont stupides. Ce tableau peut paraître pessimiste et je suis heureuse si vous lisez ceci et que vous vous dites que votre enfant dysphasique ne vit pas cela. Par contre, pour ceux qui se disent que ce tableau s’apparente à leur enfant, vous devez vous demander comment on peut faire pour leur facilité leur vie.
- Une première chose que nous devons faire est de ne jamais prendre pour acquis qu’ils ont compris. Ne leur demandez pas s’ils ont compris, mais plutôt de vous expliquer ce qu’ils ont compris. Les personnes dysphasiques ne peuvent pas identifer leurs incompréhensions car ils croient avoir compris, mais ils l’ont compris à leur manière. Un exemple que je donne souvent aux parents sont les mots additions et soustractions. On utilise ces termes fréquemment en classe, pourtant, si on leur demande verbalement de faire une addition, ils seront bloqués. Par contre si on leur met les chiffres avec le signe « plus », ils le feront facilement s’ils sont bons en calcul.
- On entend aussi souvent que les personnes qui présente une dysphasie ne peuvent pas faire d’inférences. Faux. Ils en font quotidiennement et facilement. Leur difficulté réside non pas dans l’inférence, mais dans le vocabulaire. Si un enfant ne parvient pas à faire une inférence, c’est qu’il y a un mot ou un concept qui est incompris. Il faut donc le plus possible imager les mots qu’ils lisent et activer leurs connaissances avant la lecture du texte. J’ajouterais aussi qu’il arrive fréquemment qu’ils connaissent un mot, mais que hors contexte, ils ne parviennent pas à faire le lien. Par exemple, j’ai rencontré un enfant super il y a quelques semaines et en lui demandant de me définir le mot « atlas », il ne savait que répondre. Sa mère était surprise car il a un atlas sur son bureau dans sa chambre et il l’appelle Atlas. Une fois qu’elle lui a rappelé ce fait, il a très bien donné la définition. On aurait pu aussi lui montrer l’image d’un atlas sur google image (qui est super pour aider dans les devoirs avec les enfants qui ont des incompréhensions).
- Une autre mythe est le fait qu’en mathématique les personnes qui présentent une dysphasie devraient être bons. Tant mieux si les mathématiques vont bien. On s’en réjouit! Par contre, mis à part le calcul, les mathématiques sont sous tendus par le langage. En géométrie, le vocabulaire tel que parallélogramme, hexagone, octogone est ardu. En résolution de problèmes, on utilise une panoplie de termes abstraits (ex:de plus que, en tout, ensemble…). En numération, on utilise « immédiatement, suivant, précédent, enlève, ajoute… ». En logique, l’enfant lit des phrases avec des concepts et doit relier ces concepts entre eux (ex: le coeur est à gauche du carré. Le carré est sous le cercle…). Pour le calcul, il y a moins de termes, mais cela demande un très bon accès lexical et une bonne mémoire de travail qui sont généralement tous les deux défaillants chez les personnes dysphasiques.
Voici quelques trucs généraux pour la classe qui ont plus trait à la flexibilité pédagogique qu’à des adaptations.
- Si l’enfant a de la difficulté à comprendre les consignes, on peut: mettre des mots clés au tableau, donner une information à la fois, répéter et reformuler, s’assurer de sa compréhension en le guidant
- Si l’enfant a une difficulté d’accès lexical, ceci implique que toute information stockée est plus lente à être retrouvée donc les tables, les inférences, les réponses aux questions qui ne sont pas dans un texte. Il faut donc laisser plus de temps, donner des choix multiples, permettre la calculatrice. Oubliez donc les concours minutés, ils découragent les enfants et leur causent un stress intense
- Si l’enfant a de la difficulté à écrire des textes, on peut lui faire travailler le texte à l’oral auparavant et ensuite utiliser un plan détaillé
Écrivez-moi vos questions, si vous en avez. Elles font profiter les autres!